Complimenter son enfant : un cadeau empoisonné ?
Lola, 7 ans, rentre de l’école fièrement avec son dessin. Sa mère s’exclame : « Comme tu es douée ma chérie, c’est magnifique ! ».
Si le compliment part d’une bonne intention, il peut pourtant avoir des effets inattendus sur le développement de l’enfant. En effet, les recherches en neurosciences et psychologie nous éclairent sur l’importance de la manière dont on complimente nos enfants. Bien formulés, les compliments booste leur confiance en eux et leur motivation. Mais savez-vous qu’il existe aussi des compliments toxiques à éviter absolument ? Dans cet article, nous allons explorer 3 types de compliments néfastes selon les experts, et vous donner des alternatives bienveillantes pour encourager votre enfant à s’épanouir. Prêt à devenir un pro des compliments qui font grandir ? C’est parti !
Les compliments néfastes sur l’apparence/beauté
Le piège de l’objectification
L’objectification, c’est le fait de réduire une personne à son apparence physique, comme si elle n’était qu’un objet décoratif.
Quand on dit à Emma « Tu es la plus jolie », on passe un message troublant. Sans le vouloir, on lui fait comprendre que sa valeur dépend de son apparence et du regard que les autres portent sur elle. À force, Emma peut développer une préoccupation excessive pour son image, au détriment de ses autres qualités.
Compliments néfastes: la beauté, une qualité versatile
« Comme tu ressembles à une princesse dans cette robe ! » Problème : en grandissant, Léa ne rentrera plus dans ce costume. Pire, elle peut cesser de se trouver belle… Les canons de beauté changent avec le temps. En complimentant nos enfants sur leur physique, nous leur montrons que nous y attachons beaucoup d’importance. Ainsi, nous les conditionnons à se conformer aux tendances en vigueur pour espérer obtenir le plus d’approbation possible.
Dans les cas extrêmes, cela peut les encourager à développer un désir de contrôler leur physique au point d’avoir recours à la chirurgie esthétique pour » se corriger ». Si bon nombre de célébrités sur les réseaux socio banalisent le recours à la chirurgie, il n’en reste pas moins qu’elle corrige un mal être, un désamour de soi et favorise une idéologie de la » perfection ». Idéal de perfection qui , bien sûr , changera avec les effet de mode.
Nos alternatives : valoriser le sens du style et de l’adaptation
Si l’apparence ne définit pas la valeur d’une personne, elle reste une forme d’expression de soi. Plutôt que de complimenter la beauté physique, on peut, par exemple, valoriser la créativité et la réflexion dans les choix vestimentaires de nos enfants :
• « Wahou, tu as su coordonner les couleurs de ta tenue avec goût ! Tu as un vrai sens du style. »
• « Je trouve que tu as choisi une tenue parfaitement adaptée à notre activité du jour. C’est très malin ! »
• « Tu as pensé à prendre un pull pour ce soir, c’est prévoyant de ta part. Tu apprends à anticiper les changements de temps. »
En grandissant, nos enfants cherchent à affirmer leur personnalité à travers leurs vêtements. Saluons cette capacité à s’adapter aux contextes (sport, fête, école…), à faire des choix en accord avec leurs goûts et valeurs. C’est aussi une belle façon de leur dire qu’ils grandissent et gagnent en autonomie.
Nos enfants sont comme ils sont et merveilleux comme cela ! Il est primordial pour une bonne estime de soi qu'ils s'acceptent tel qu'ils sont. Nos enfants sont comme ils sont . Les compliments sur l'apparence/beauté sont très néfastes. Il est primordial pour une bonne estime de soi qu'ils s'acceptent tel qu'il sont.
Les compliments sur l’intelligence/talent : une mauvaise idée
Compliments néfastes: le mythe du talent inné
« Tu es très intelligent ! » Quel enfant n’aimerait pas entendre ça ? Pourtant, ce type de compliment peut se retourner contre lui. Selon la psychologue Carol Dweck, féliciter un enfant pour son intelligence lui fait croire que ses capacités sont innées et figées. Elle appelle cela, le piège de la mentalité fixe. L’enfant associe le compliment a son identité.
Inconsciemment, il peut développer une peur de perdre son statut d’enfant intelligent si il rate ou se trompe, ce qui peut générer un grand stress. ll préfère alors éviter les défis par peur de ne plus être à la hauteur, ce qui le freinera dans ses apprentissages. Parfois, cela peut se traduire par un gros découragement ou abattement lorsqu’il sera devant une difficulté.
L’échec, un tremplin pour le cerveau
Les dernières recherches en neurosciences nous montrent que ce sont justement les erreurs et les difficultés qui permettent à notre cerveau de se développer.
En effet, notre cerveau est doté d’une incroyable plasticité, c’est-à-dire d’une capacité à se transformer tout au long de la vie. Lorsque nous sommes confrontés à un problème, nos neurones s’activent et créent de nouvelles connexions pour tenter de le résoudre. C’est en échouant et en réessayant que nous stimulons cette « musculation cérébrale ». Chaque difficulté rencontrée est une opportunité pour notre intelligence de s’enrichir et de s’adapter.
Ainsi, les compliments sur leur intelligence ne les aide pas à développer leur résilience et leur persévérance face aux obstacles. Or, c’est en relevant des défis qu’ils prendront conscience de leur potentiel de progression et gagneront en confiance.
Alors, n’ayons pas peur de laisser nos enfants se tromper et tâtonner ! Leur cerveau ne demande qu’à apprendre et grandir au fil des expériences. En valorisant leurs efforts et leur capacité à rebondir, nous leur offrons les clés d’un épanouissement durable.
Nos alternatives : valoriser les efforts et les progrès
Pour éviter les compliments néfastes, nous pouvons mettre en avant le processus d’apprentissage:
• « Bravo pour ta persévérance , tu as essayé plusieurs stratégies jusqu’à trouver la bonne ! »
• « Je vois que tu t’es beaucoup entraîné. Tes progrès sont impressionnants ! »
• « Tu as réussi à résoudre ce problème par toi-même, j’imagine que tu es fier de toi ! »
Ainsi, votre enfant comprend que son développement passe par l’effort et la pratique. Et qu’échouer fait partie du chemin vers la réussite !
Les compliments néfastes : les jugements déguisés
L’autonomie en danger
« C’est bien t’es gentille ! » « Tu es sage, je suis fier de toi ». Anodins en apparence, ces compliments sont en fait des jugements. Ils font de l’approbation parentale une récompense. J’ai déjà évoqué le risque pour les fratries dans l’article : « Comment gérer les conflits entre frères et sœurs ? »
De plus, à long terme, l’enfant peut devenir « accro » aux félicitations et adapter son comportement uniquement pour nous faire plaisir. C’est ce que les psychologues Deci et Ryan nomment une motivation extrinsèque, au détriment d’un désir authentique d’apprendre et de s’améliorer.
Ces deux psychologues, ont développé la théorie de l’autodétermination qui distingue deux types de motivation : la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. Par exemple, un enfant qui fait un dessin juste pour le bonheur de créer et d’exprimer son imagination est motivé de manière intrinsèque. À l’inverse, la motivation extrinsèque intervient quand on agit dans le but d’obtenir une récompense externe (compliment, cadeau, bonne note…) ou d’éviter une conséquence désagréable (punition, critique…).
Une motivation intrinsèque est plus favorable à long terme pour l’épanouissement et la réussite. Bien sûr, on ne peut pas totalement éviter les motivations extrinsèques. Mais en tant que parents, veillons à entretenir l’étincelle de la motivation intrinsèque chez nos enfants. Encourageons leurs passions et leur soif de découverte, sans les rendre dépendants de notre jugement. C’est la clé pour qu’ils deviennent des individus épanouis et des apprenants à vie !
Nos alternatives : décrire avec bienveillance
Et si nous remplacions le jugement par la description et l’interrogation ?
• « Je vois que tu as rangé ta chambre sans que j’aie besoin de te le rappeler. Que penses tu de ta façon de t’organiser ? Est ce que tu vois tes progrès? «
• « Merci d’avoir partagé tes jouets avec ta petite sœur. Comment tu te sens après cet acte de générosité ?. »
• « Tu t’es calmé tout seul quand tu étais en colère. Tu apprends à gérer tes émotions c’est pas évident, tu peux être fier de toi. »
L’idée ? Montrer à l’enfant les effets concrets de ses actes, en sollicitant son évaluation.
Conclusion : Compliments néfastes, les pièges à éviter avec vos enfants
En résumé, les compliments néfastes peuvent avoir des effets inattendus sur le développement de nos enfants. Que ce soit en se focalisant sur l’apparence, en attribuant leurs réussites à un don inné ou en émettant des jugements déguisés, ces compliments peuvent fragiliser leur estime de soi et leur autonomie. Mais rassurez-vous, il existe des alternatives bienveillantes pour encourager nos enfants de manière constructive !
Voici l’article qui va vous aider à montrer à votre enfant que vous croyez en ses capacités à apprendre et à grandir, peu importe les obstacles : » L’art de complimenter les enfants : tout ce que vous devez savoir »
Car au final, le plus beau compliment que vous puissiez faire à votre enfant, c’est de l’aimer et de l’accepter tel qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses. C’est de l’accompagner avec bienveillance sur le chemin de la vie, en lui donnant confiance en son potentiel illimité.
Osez partager vos expériences et vos astuces pour complimenter vos enfants de manière bienveillante ! C’est en échangeant nos idées que nous pourrons créer une communauté de parents bienveillants et inspirants.
Et si vous avez des questions ou des suggestions pour de futurs articles, je suis toute ouïe ! Vous pouvez me contacter via les commentaires ou sur mes réseaux sociaux. C’est toujours un plaisir de discuter avec vous et d’apprendre de vos expériences. Ensemble, cultivons l’art du compliment qui fait grandir !